Bien qu’à 50 jours du premier tour de l’élection présidentielle, l’intérêt des Français demeure moindre qu’il y a cinq ans. Et pour le moment, c’est la déception qui domine concernant la campagne. Notre 7e vague d’intentions de vote confirme les dynamiques enregistrées la semaine dernière : Emmanuel Macron reste en tête des intentions de vote. Si la deuxième place paraît toujours incertaine, Marine Le Pen devance toujours ses principaux challengers, tandis qu’Éric Zemmour passe devant Valérie Pécresse, en perte de vitesse. A gauche, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel tirent leur épingle du jeu. Tels sont les résultats de notre nouvelle enquête d’intentions de vote réalisée pour Orange et RTL.
LA campagne suscite de la déception
- Interrogés sur les mots qui caractérisent le mieux leur état d’esprit à propos de la campagne présidentielle, les Français inscrits sur les listes électorales citent en premier le mot « déception ». Ils sont près de 4 sur 10 à l’exprimer (39%). Ce sentiment domine dans toutes les catégories de la population en termes d’âge, à l’exception des plus jeunes (18-24 ans) où l’intérêt arrive en tête (42%) devant la déception (31%). Il domine également quel que soit le milieu social même s’il est plus marqué chez les cadres (47%).
- La déception est en revanche plus ou moins forte selon la sensibilité politique. C’est au sein des sympathisants de gauche qu’elle est la plus élevée (51% contre 36% seulement des sympathisants de droite, 27% des sympathisants LREM et 28% des sympathisants RN, où l’intérêt domine). Et parmi eux, c’est sans vraie surprise chez les sympathisants socialistes qu’elle est la plus marquée, citée par 56% d’entre eux.
- Un tiers des sondés citent toutefois le mot « intérêt » (33%), près d’un quart l’ennui (24%). 17% des inscrits répondent « l’indifférence », une proportion relativement élevée pour un sentiment assez radical concernant l’élection reine de la Vème République.
- Enfin, seuls 7% des Français inscrits sur les listes électorales ressentent de l’enthousiasme. Un score de 10 points supérieurs chez les 18-24 an (17%).
- Au total, les sentiments négatifs (56%) générés par cette campagne l’emportent très nettement sur les sentiments positifs (36%).

L’élection peine à intéresserles Français et l’électorat reste très volatil
- Dans ce contexte, après avoir enregistré une baisse de 4 points la semaine dernière, l’intérêt que les Français portent à l’élection se stabilise à un niveau de 6 points inférieur à celui que l’on mesurait à la même période il y a cinq ans. Alors que le premier tour aura lieu dans 50 jours, seuls 69% des Français inscrits sur les listes électorales se disent intéressés par l’élection.
- Concernant la date du scrutin, la méconnaissance domine toujours, même si – et c’est logique – le niveau de connaissance progresse. 30% des inscrits sur les listes électorales sont capables de donner la date du 10 avril (+4 en une semaine) et 17% évoquent « le mois d’avril » en se trompant de jour ou sans donner de précision. Plus d’un Français sur deux (53%, -4) ne sont pas conscients de l’imminence du scrutin.
- L’intention de participer au premier tour progresse très légèrement (72%, pour 70% il y a une semaine). Elle demeure inférieure à que ce que l’on mesurait en 2017 à la même échéance du scrutin et à la participation réelle au premier tour (77,8%).
- Dans ce contexte, la volatilité de l’électorat reste très forte et invite à la plus grande prudence. 44% du corps électoral prévoyant de voter au 1er tour de la présidentielle n’exprime actuellement pas d’intention de vote ou peut encore changer d’avis. C’est un niveau qui est en revanche comparable à celui que nous mesurions en 2017 à la même échéance du scrutin.

PREMIER TOUR : emmanuel macron en tête
- S’il était candidat à sa réélection et si l’élection avait lieu maintenant, l’actuel président de la République arriverait en tête du premier tour, avec 24% des intentions de vote (-1 en une semaine). Cela fait maintenant trois mois que nous le mesurons toujours dans le même étiage. L’annonce de sa candidature qui devrait intervenir d’ici au 4 mars au plus tard changera-t-elle la donne ?
- Avec Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, il reste le candidat dont le socle électoral est le plus solide malgré un léger tassement. 76% de ses électeurs potentiels sont sûrs de leur choix (-3).
- Cette avance s’explique notamment par sa capacité à fidéliser une grande partie de son électorat de 2017 (70%, +2) tout en captant 21% de celui de François Fillon (en baisse, au profit d’Éric Zemmour) et 18% de celui de Benoît Hamon (en légère hausse). Il arrive également toujours en tête chez les seniors qui traditionnellement votent plus, devant Valérie Pécresse, chez qui il fait toutefois jeu égal chez les plus de 75 ans.
deuxième place : Marine Le Pen confirme son avantage mais reste talonnée par Eric Zemmour qui devance Valérie Pécresse
- Si l’élection avait lieu dimanche prochain, Marine Le Pen arriverait en 2e position avec 17,5% des intentions de vote (+0,5), devant Eric Zemmour (14,5%, +0,5) et Valérie Pécresse (13,5%, -1). Les écarts entre les trois candidats se situent toujours dans les marges d’erreur. On observe toutefois des dynamiques différentes.
- La candidate du Rassemblement national confirme une légère avance mais la solidité de son socle électoral semble s’effriter (73% de « sûrs du choix », -8). Elle rassemble 64% de ses électeurs du premier tour de 2017 (+1) et 79% des sympathisants du RN.
- Eric Zemmour confirme sa dynamique et a progressé de 2 points en 15 jours. Il ne semble plus vraiment progresser chez les électeurs de Marine Le Pen de 2017 (se stabilisant autour d’un quart). Mais il capte une part grandissante de l’électorat de François Fillon (26%, +9). Son socle électoral demeure un peu moins solide que celui de Marine Le Pen (66%).
- Valérie Pécresse confirme son recul, après un grand meeting jugé raté par de nombreux commentateurs. Elle perd 2,5 points en 15 jours. Seul un électeur de François Fillon sur deux voterait pour elle (50%) ainsi que les deux tiers des sympathisants LR (13% lui préférant Emmanuel Macron et 17% Eric Zemmour).

Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel tirent leur épingle du jeu
- Jean-Luc Mélenchon progresse de 1,5 point et atteint son plus haut niveau depuis la mise en place de nos mesures pré-électorales en octobre. Il est crédité de 10,5% des intentions de vote en sa faveur, son niveau dans les enquêtes fin février 2017. Après une séquence médiatique réussie, il semble parvenir à remobiliser quelque peu son camp. Un peu plus de la moitié de ses électeurs de 2017 voteraient à nouveau pour lui (56%, +9 en une semaine). Il consolide par ailleurs son socle : 78% de ses électeurs potentiels se déclarent sûrs de leur choix (+8). Reste à voir si l’appel de Ségolène Royal à « un vote utile à gauche » en sa faveur lui sera bénéfique ou préjudiciable.
- Fabien Roussel continue sa légère mais constante progression. Il est désormais crédité de 4,5% des intentions de vote (+0,5 en une semaine, + 1,5 en deux semaines) et se rapproche de la barre symbolique des 5%. Il parvient à capter près du quart des électeurs de Benoît Hamon de 2017 (23%) et 13% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
- Le candidat communiste fait jeu égal avec Yannick Jadot, stable à 4,5% des intentions de vote. Ce dernier devance toujours d’une courte tête Christiane Taubira, stable également à 4%. Anne Hidalgo reste stable à 2%. La candidate du Parti socialiste ne parvient à mobiliser que 21% des sympathisants socialistes qui pour l’heure lui préfèrent Christiane Taubira (27%) ou Emmanuel Macron (25%).
- A l’exception de Jean-Luc Mélenchon, tous les candidats de la gauche se caractérisent par ailleurs par la fragilité de leur socle électoral, traduisant le désarroi des électeurs de gauche face à l’offre politique qui leur est proposée (rappelons qu’ils sont les plus déçus par cette campagne).
A très vite pour notre prochaine vague d’intentions de vote !