INTENTIONS DE VOTE vague 6 – 11/02/2022

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Election Présidentielle 2022

A très exactement deux mois du premier tour, notre 6ème vague d’intentions de vote enregistre des évolutions notables par rapport à notre précédente mesure. Emmanuel Macron reste en tête des intentions de vote. La deuxième place paraît plus incertaine entre Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Eric Zemmour. Le tout sur fond de désintérêt de plus en plus marqué des Français pour le scrutin. Tels sont les résultats de notre nouvelle enquête d’intentions de vote réalisée pour Orange et RTL.

LA campagne peine à intéresser les Français

  • Seulement 69% des Français inscrits sur les listes électorales se disent intéressés par lélection, soit 4 points de moins qu’il y a 15 jours. Ce niveau d’intérêt est plus faible qu’en octobre dernier lors de notre première vague. Il est également moindre que ce que l’on mesurait à cette échéance du scrutin en 2017 (75%). Par ailleurs, l’intention de participer au premier tour se tasse de nouveau légèrement (70% contre 71% il y a deux semaines et 74% début janvier). Elle reste là aussi moindre que ce que l’on mesurait en 2017 (74%).
  • A cela s’ajoute une grande méconnaissance des dates précises du scrutin qui a lieu plus tôt cette année. Seuls 26% des inscrits sur les listes électorales sont capables de donner la date du 10 avril. 17% évoquent « le mois d’avril » en se trompant de jour ou sans donner de précision. Au total, moins d’un Français sur deux (43%) semble avoir conscience que le 1er tour se tient dans à peine deux mois.
  • Autant d’éléments qui témoignent d’une certaine difficulté de la campagne « à prendre » chez les Français pour le moment, dans un contexte de crise sanitaire qui s’éternise. Sans doute les Français ont-ils aussi du mal à se projeter dans une campagne qui aborde relativement peu les sujets du quotidien.
Présidentielle 2022 : Intérêt pour l'élection. Notoriété des dates de l'élection présidentielle 2022 - BVA Orange RTL
  • Ce désintérêt s’explique peut-être également par une forme d’absence perçue de suspense permettant de les tenir en haleine. 41% pensent qu’Emmanuel Macron va remporter l’élection. Un niveau qui le place très nettement devant tous les autres candidats. Marine Le Pen et Valérie Pécresse ne sont mentionnées que par respectivement 9% et 8% des inscrits, Eric Zemmour par 5%, Jean-Luc Mélenchon par 4%. Tous les autres candidats sont cités par moins d’1% des inscrits).
  • Pourtant, les précédentes élections ont montré que rien n’était joué à deux mois d’un scrutin. A la même époque en 2017, Marine Le Pen caracolait en tête des intentions de vote du premier tour, Benoît Hamon était encore crédité de 17% des voix et Jean-Luc Mélenchon de seulement 10,5%…
  • 61% des inscrits souhaitent qu’Emmanuel Macron officialise sa candidature dès maintenant. Signe peut-être d’une certaine impatience de leur part à voir la campagne réellement démarrer. Ou d’une lassitude que ce ne soit pas le cas !

Emmanuel Macron en tête des intentions de vote

  • S’il était candidat à sa réélection et si l’élection avait lieu maintenant, l’actuel président de la République arriverait en tête du premier tour, avec 25% des intentions de vote (+1 par rapport à il y a 2 semaines). Avec Marine Le Pen, c’est le candidat dont le socle électoral est le plus solide. 79% de ses électeurs potentiels sont sûrs de leur choix. C’est également le candidat dont les électeurs potentiels sont le plus persuadés de la victoire (94%).
  • Cette avance s’explique notamment par sa capacité à fidéliser une grande partie de son électorat de 2017 (68%, assez stable). Dans le même temps, il capte 29% de celui de François Fillon (en nette hausse) et 12% de celui de Benoît Hamon (en légère baisse, en raison d’un basculement vers Christiane Taubira). Il arrive également toujours en tête chez les seniors (32%), qui traditionnellement se déplacent le plus dans les urnes, devant Valérie Pécresse.

deuxième place : Marine Le Pen conserve son avantage, talonnée par Valérie Pécresse et Eric Zemmour au coude à coude

  • Si l’élection avait lieu dimanche prochain, Marine Le Pen arriverait en 2e position avec 17% des intentions de vote. Lui suivraient Valérie Pécresse (14,5%) et Eric Zemmour (14%). Ces résultats témoignent toujours d’une avance de Marine Le Pen, même si les écarts se situent dans les marges d’erreur. Néanmoins, des dynamiques différentes se dessinent.
  • La candidate du Rassemblement national marque le pas par rapport à il y a 15 jours (-1). Peut-être pâtit-elle des annonces successives de ralliements de personnalités du RN en faveur d’Eric Zemmour ? La proportion de ses électeurs de 2017 ayant l’intention de revoter pour elle diminue (63% ; -4) au profit d’Eric Zemmour notamment.
  • Eric Zemmour enregistre une progression d’1,5 point par rapport à notre précédente mesure. Il capte une part grandissante d’électeurs de Marine Le Pen de 2017 (26% ; +3). Il parvient à fidéliser certains segments de la population par ses discours clivants. Le candidat arrive ainsi en 2e position chez les hommes (18%), réactivant un « gender gap » qui n’existe chez aucun autre candidat. Eric Zemmour parvient en 3e position chez les seniors (17%). Marine Le Pen n’a jamais vraiment réussi à « percer » dans cet électorat (7%).
  • Valérie Pécresse voit les intentions de vote en sa faveur reculer (-1,5). Moins d’un électeur de François Fillon sur deux lui accorderait ses suffrages (46% ; -9), une part grandissante d’entre eux se portant sur Emmanuel Macron (29% ; +16). 17% voteraient pour Eric Zemmour (-7). Cela peut laisser penser que sa focalisation sur les sujets d’immigration et de sécurité lui permet de « récupérer » des électeurs séduits sur sa droite par Eric Zemmour. Mais cela conduit sans doute des électeurs de droite plus modérés à se reporter sur Emmanuel Macron.
Présidentielle 2022 : Intentions de vote premier tour - février 2022 - BVA RTL Orange - Emmanuel Macron Marine Le Pen Valérie Pécresse

Malgré le tassement de son score, Marine Le Pen bénéficie de trois avantages 

  • Son socle électoral est plus solide (81% de ses électeurs sont sûrs de leur choix) que celui d’Eric Zemmour (66%) ou de Valérie Pécresse (69%).
  • Elle suscite le plus d’espoir de victoire parmi ses électeurs. 59% d’entre eux pensent qu’elle va remporter l’élection, contre 50% des électeurs de Valérie Pécresse et 43% des électeurs d’Eric Zemmour à propos de leur candidat.
  • Elle bénéficie d’un plus grand réservoir de voix potentiel. Si tous ses électeurs incertains maintenaient leur vote et qu’elle parvenait à séduire ceux qui la choisissent en second choix, son score pourrait avoisiner 22%, contre 19% pour Valérie Pécresse et 18% pour Eric Zemmour. Elle s’impose assez naturellement comme le second choix des électeurs incertains d’Eric Zemmour (57%) alors que la réciproque est un peu moins vraie (moins de la moitié de ses électeurs incertains se reporteraient sur Marine Le Pen). Les deux électorats restent néanmoins poreux.

à gauche, le grand flou

  • Jean-Luc Mélenchon est toujours le seul à légèrement se détacher à gauche, avec 9% des intentions de vote en sa faveur (-1). Mais il peine à enclencher une réelle dynamique. Moins de la moitié de ses électeurs de 2017 voteraient à nouveau pour lui (47%).
  • Les autres candidats de gauche se situent un cran plus loin, pour la plupart dans un mouchoir de poche, sans qu’aucun ne prenne le dessus ou ne suscite un élan solide en sa faveur. Quel que soit le candidat, tous se caractérisent par la très grande fragilité de leur socle électoral, traduisant le désarroi des électeurs de gauche face à l’offre politique qui leur est proposée.
  • Yannick Jadot, en perte de vitesse, ne recueillerait que 4,5% des intentions de vote (-1,5). Christiane Taubira n’enclenche pas de dynamique suite à son annonce de candidature et obtiendrait 4% des suffrages (stable). Fabien Roussel est le seul qui bénéficie d’une relative dynamique (4% ; +1), sans pour autant réussir à marquer une différence nette par rapport à ses concurrents. Anne Hidalgo pâtit clairement de cet élan et de la candidature de Christiane Taubira (2% ; -1)
  • Cruel constat pour la gauche : malgré une offre pléthorique tant en termes de programmes que de personnalités, la multiplication des candidatures conduit à un effritement de sa base : le score cumulé des candidatures de gauche n’est ainsi que de 25,5% alors qu’il était de 26,5% il y a 15 jours. C’est moins que son score de 2017 (27,7%).

second tour : Emmanuel Macron l’emporterait quelle que soit la configuration

  • En l’état actuel des intentions de vote au 1er tour, Emmanuel Macron serait en mesure de se qualifier pour le second tour. Il pourrait faire face à potentiellement trois candidats différents au regard de la marge d’erreur : Marine Le Pen, Valérie Pécresse ou Eric Zemmour. Nous avons donc testé ces trois configurations, même s’il faut rappeler que les résultats d’une intention de vote second tour réalisée avant le résultat du 1er tour restent très hypothétiques et doivent être analysés avec une grande précaution
  • Quelle que soit la configuration testée, Emmanuel Macron l’emporterait. Les résultats seraient beaucoup plus serrés s’il faisait face à Marine Le Pen (56% contre 44%) ou Valérie Pécresse (56% contre 44%) que s’il était confronté à Eric Zemmour (62% contre 38%).
  • Marine Le Pen parviendrait à considérablement resserrer l’écart avec Emmanuel Macron par rapport à son score de 2017. Eric Zemmour ferait nettement plus figure de « repoussoir ». Une situation qui s’explique par les très bons reports de voix des électeurs d’Eric Zemmour en faveur de Marine Le Pen (79%), qui profiterait aussi de reports non négligeables des électeurs de Valérie Pécresse (31%). Eric Zemmour pourrait aussi profiter d’un report non négligeable des électeurs de Valérie Pécresse (30%) mais il ferait beaucoup moins le plein chez les électeurs de Marine Le Pen (50%), nombre d’entre eux préférant s’abstenir ou voter blanc (40%). A l’heure actuelle, une partie des électeurs de Marine Le Pen semble donc rejeter Eric Zemmour.
Présidentielle 2022 - vague 6 - février 2022 - BVA Orange RTL -

A très vite pour notre prochaine vague d’intentions de vote !

ADÉLAÏDE ZULFIKARPASIC
ADÉLAÏDE ZULFIKARPASIC

Directrice BVA Opinion

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