A un peu plus de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle qui aura lieu le 10 avril prochain et au lendemain de l’entretien accordé par Emmanuel Macron au Parisien, voici les résultats de notre nouvelle enquête d’intentions de vote réalisée pour Orange et RTL.
Emmanuel Macron consolide son socle électoral sur fond de polémique
- S’il était candidat à sa réélection et si celle-ci avait lieu maintenant, l’actuel président de la République arriverait en tête du premier tour, crédité de 25% des intentions de vote. Son score apparaît stable par rapport à notre précédente vague (voire en légère hausse : + 1 point), preuve que, pour le moment en tout cas, ses propos dans Le Parisien sur les « non-vaccinés » ne lui portent pas préjudice.
- Au contraire. Il conforte sa base : les sympathisants de LREM (qui sont 94% à avoir l’intention de voter pour lui) le soutiennent très largement. Ils sont 86% à approuver ses propos sur les non-vaccinés dans Le Parisien, dont 61% qui les approuvent « tout à fait ».
- Ce socle électoral demeure parmi les plus solides, au même niveau qu’en décembre : 72% des électeurs ayant l’intention de voter pour Emmanuel Macron se déclarent « sûrs de leur choix » (-1 point).
- Emmanuel Macron conserverait 68% de ses électeurs au premier tour de 2017 (qui venaient en majorité des rangs du PS), un résultat en légère baisse depuis décembre. Il capte à l’inverse 23% de l’électorat de François Fillon (un résultat en hausse de 5 points) et toujours 10% de l’électorat de Benoît Hamon. Ce sont d’ailleurs désormais 28% des sympathisants socialistes qui déclarent avoir l’intention de voter pour Emmanuel Macron au premier tour.

NON-vaccinés : Forte notoriété des déclarations d’emmanuel macron
- Les propos d’Emmanuel Macron dans Le Parisien concernant les personnes qui refusent le vaccin contre le Covid-19 ont marqué les esprits. 90% des Français déclarent les avoir lus ou en avoir entendu parler. Près des deux tiers d’entre eux qui voient bien de quoi il s’agit.
- L’appréciation de ces propos apparaît ambivalente. En première lecture, les Français apparaissent très partagés. Lorsqu’on leur soumet l’extrait exact du Parisien, ils sont 47% à déclarer approuver les propos du Président tandis que 53% ne les approuvent pas.
- En réalité, les choses sont plus subtiles : si les Français adhèrent majoritairement « au fond » des propos d’Emmanuel Macron, c’est la forme qui pose problème.
Non-vaccinés : Les propos d’emmanuel macron approuvés sur le fond, pas sur la forme
- 58% des Français déclarent approuver ses propos sur le fond (le message, le sens du propos). Une approbation qui apparaît plus forte au sein de certaines catégories de la population : les hommes (61%, pour 55% des femmes), les personnes âgées de 65 ans et plus (65%) chez qui, d’ailleurs, Emmanuel Macron reprend la tête dans les intentions de vote (avec 30%, devant Valérie Pécresse, alors que c’était l’inverse en décembre), les cadres (67%). En termes de sensibilité politique, outre l’adhésion massive des sympathisants LREM, on note que 65% des sympathisants PS approuvent les propos du chef de l’Etat sur le fond, tout comme 62% des sympathisants EELV, 66% des sympathisants Les Républicains et même 55% des proches d’aucun parti.
- Mais les Français sont, en majorité, critiques à l’égard de la forme : ils sont 63% à désapprouver les formulations, les mots employés. Cette désapprobation est majoritaire dans toutes les catégories en termes d’âge et de catégorie socio-professionnelle. En termes de sensibilité politique, hormis les sympathisants LREM (71% d’approbation sur la forme), les Français sont majoritairement critiques : 62% des sympathisants PS, 62% également des sympathisants EELV, 65% des sympathisants LR la désapprouvent. Sans surprise, les sympathisants LFI et RN désapprouvent les propos du président de la République tant sur le fond que sur la forme.
- Dans une équation à somme nulle, le chef de l’Etat n’a donc pas « perdu de points » mais on peut émettre l’hypothèse qu’avec une formule un peu plus « policée », il aurait peut-être pu glaner des voix supplémentaires à gauche comme à droite. Dans le fond, les Français sont majoritairement d’accord avec lui.

Marine Le Pen, dans un mouchoir de poche avec Valérie Pécresse, creuse l’écart avec Eric Zemmour
- Marine Le Pen apparaît créditée de 17% des intentions de vote (+1 par rapport à notre dernière mesure en décembre). Elle est en concurrence étroite pour la qualification pour le second tour avec Valérie Pécresse, créditée de 16% des suffrages. En très léger recul depuis le mois dernier (-1), la candidate des Républicains rentre dans le « vif de la campagne » et n’est plus portée par l’état de grâce consécutif à sa désignation lors du Congrès. Elle est concurrencée sur sa gauche par Emmanuel Macron qui a su convaincre une partie du socle électoral traditionnel de la droite classique (les seniors), avec ses propos sur les non-vaccinés. Si elle rassemble toujours les deux tiers des sympathisants LR, ils sont 16% à avoir l’intention de voter pour le Président sortant contre 7% seulement le mois dernier.
- Marine Le Pen est la candidate qui bénéficie du socle électoral le moins friable. 82% des électeurs qui déclarent avoir l’intention de voter pour elle au premier tour sont sûrs de leur choix. Par comparaison, c’est 62% pour Valérie Pécresse.
- Marine Le Pen distance désormais assez nettement l’autre candidat de l’extrême droite. Eric Zemmour est crédité de 12% des intentions de vote, soit 1 point de moins qu’en décembre et 3 points de moins qu’en novembre. Son socle électoral apparaît par ailleurs moins solide que celui de la candidate du Rassemblement national : 65% de ses électeurs se déclarent sûrs de leur choix. Depuis son entrée en campagne officiel, Eric Zemmour semble peiner à convaincre.
à gauche, Jean-Luc Mélenchon (10%) et Yannick Jadot (8%) se détachent du lot
- Le début de dynamique qui semblait se dessiner en faveur de Jean-Luc Mélenchon se confirme. Il apparaît crédité de 10% des intentions de vote, enregistrant une progression de 1 point depuis décembre et de 2,5 points depuis novembre. Rappelons qu’il bénéficiait de 12,5 à 13% des intentions de vote à cette même période il y a cinq ans. Yannick Jadot progresse également d’1 point et se retrouve crédité de 8% des intentions de vote.
- Les deux candidats qui se sont prononcés contre l’idée d’une primaire à gauche et ont clairement exprimé leur refus d’y participer semblent tirer leur épingle du jeu et consolider leur socle électoral. Ils creusent l’écart avec les autres candidats de gauche : Anne Hidalgo (3,5%, -1,5), Arnaud Montebourg (1,5%, +0,5) ou encore Fabien Roussel (1,5%, -1) qui s’est pourtant lui aussi déclaré opposé à l’idée d’une primaire.
- Si la santé et l’éducation arrivent dans le « top 3 » des sujets qui compteront dans le choix de vote des électorats des trois principaux candidats de gauche (Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo), les priorités (sujet qui arrive en tête) ne sont pas convergentes pour les trois électorats. Ainsi, l’environnement est le sujet qui comptera le plus, loin devant tout autre, pour les électeurs potentiels de Yannick Jadot ; les électeurs potentiels d’Anne Hidalgo, eux, placent l’avenir du système social en tête de leurs priorités. Les électeurs potentiels de Jean-Luc Mélenchon, eux, évoquent en premier lieu la santé, puis le pouvoir d’achat. L’union pour faire émerger un candidat unique semble donc difficile.

RENFORCEMENT DE L’INTENTION DE PARTICIPATION
- A trois mois du premier tour, assez logiquement, l’intention de participation s’affermit : 74% des électeurs interrogés déclarent à ce jour une intention certaine d’aller voter au premier tour de l’élection présidentielle (en donnant une note de 9 ou 10 pour « qualifier » leur intention d’aller voter), contre 73% le mois dernier et 70% en novembre. Ils sont 62% à donner la note 10, contre 59% en décembre (+ 3). Ce niveau est toutefois de 2 points inférieur à celui que nous mesurions en janvier 2017.

STABILIté de l’intérêt pour l’élection
- L’intérêt manifesté par les Français pour cette élection apparaît stable et, comme l’intention de participation, légèrement plus faible qu’à la même période il y a 5 ans : les trois-quarts d’entre eux déclarent s’y intéresser (75%, -1 pt depuis décembre) contre 77% en janvier 2017.
- Si l’offre politique pour le premier tour apparaît de plus en plus claire, 46% du corps électoral prévoyant de voter au 1er tour de la présidentielle n’exprime toujours pas d’intention de vote ou indique pouvoir encore changer d’avis, comme en décembre. Les clarifications attendues à gauche dans le courant du mois (décision de Christiane Taubira et conséquences éventuelles) pourraient faire bouger un peu les choses.
A très vite pour notre prochaine vague d’intentions de vote !